Neuvaine en l'honneur de la Vraie Croix
Salut ô Croix, notre unique espérance
Nous t'Adorons, ô Christ et nous te bénissons
Parce que tu as racheté le monde par ta Sainte Croix.
Nous t'en supplions, ô Père, regarde avec miséricorde tes enfants
Pour lesquels, ton Fils Bien Aimé, notre Seigneur Jésus Christ
A donné sa vie en subissant le supplice de la Croix.
Nous te confions Seigneur Jésus ce projet d'ériger, en ce lieu,
Un Sanctuaire de la Vraie Croix d'Anjou,
Afin, que toute personne puisse venir y prier,
Déposer ses épreuves et y trouver la Consolation.
Nous te le demandons par l'intercession
De la Bienheureuse Vierge Marie,
Dont l'âme fût transpercée par un glaive de douleur.
Amen Un pater, un Ave et un Gloria
Prière à la Sainte Croix
Salut Ô Croix
Source de notre Espérance
Glorieuse Croix de Jésus Ressuscité,
Tu ouvres à tous, le chemin vers le pardon.
Ô Dieu Sauveur, Ô Trinité,
Vers toi que montent nos louanges
Pour la victoire de la Croix !
Donne-nous un cœur nouveau,
Que nos cœurs s'ouvrent à ta lumière. Amen
Lettres du Père René Bérault, curé de Baugé, adressées à Mère Anne de la Girouardière
5 lettres du Père René BERAULT adressées à Mère Anne de la Girouardière alors qu'il est assigné à résidence en la ville d'Angers - 1791 - 1792
Lettre n° 1
Ma très chère fille
Vous m'annoncez que vous jouissez d'une meilleure santé, je vous en félicite si vous vous en servez pour avancer dans l'amour de Jésus-Christ. Si les maladies, même les plus crucifiantes, devaient vous servir pour l'aimer, le glorifier davantage, je serais prêt à vous les souhaiter. Vous me dites que vous vous êtes réjouie de ma sortie du séminaire, vous pensiez donc que le séjour de cette maison m'était contraire ? Il est vrai qu'il contrariait un peu la nature ; mais ce n'est pas sa voix qu'il faut écouter, quoique malheureusement, elle le soit trop souvent.
Il m'eut été plus avantageux peut-être d'y prolonger ma demeure. Je ne suis, du reste, guère plus en liberté dans la ville. Il faut garder sa retraite et se montrer bien rarement.
Mais à quoi sert la solitude du corps si l'on n'a celle de l'esprit ? Il faut souvent demander celle-ci et la conserver toujours. Dites, ma chère fille, vos dispositions intérieures à votre confesseur actuel, surmontez les difficultés que vous pourrez éprouver, et développez-lui vos pensées. Il a grâce d'état pour vous conduire en ce moment. Je crois qu'il est dans les desseins de Dieu que vous suiviez ce qu'il vous inspire ; mais faites ce que vous dira votre confesseur.
J'approuve les pratiques de pénitences dont vous me parlez, pourvu, toutefois, que les santés se soutiennent et n'en soient point altérées. La mortification intérieure est préférable à l'extérieure, quoique celle-ci soit très avantageuse lorsque Dieu la demande.
Je souhaite mes très chères filles que samedi, jour du trépas de la très Sainte Vierge, elle vous obtienne à toutes le coup de la mort à vous- mêmes, afin que Jésus Christ soit désormais souverain tout de vos âmes.
Mes sentiments pour vous sont toujours les mêmes ; il faut attendre les moments du Seigneur, et, en attendant, soyons toujours dans les cœurs de Jésus et de Marie.
Votre tout dévoué. Bérault
Lettre n° 2
Ma très chère fille
De concert avec vos chères compagnes, vous me souhaitez une bonne fête, je vous en fais mes remerciements.
Souhaitons et demandons les uns pour les autres, le seul bien que nous puissions, désirer, qui est l'amour de Jésus et de Jésus crucifié […].
Demandez-lui que votre cœur soit cloué à sa Croix pour ne s'en plus séparer. S'il en est ainsi, vous éviteriez avec soins les moindres infidélités, et vous en aurez même horreur. Un amour généreux vous animera et il s'accroîtra au milieu des peines, des contradictions et des douleurs ; car l'amour qui se forme sur le Calvaire est fort comme la mort. Jésus Christ a été fait victime pour vous ; il demande aussi que vous soyez des victimes d'holocaustes. Celles-ci doivent être entièrement consumées par le feu. Voilà à quoi vous devez toutes aspirer et prétendre.
Comme on ne peut aller à la Croix sans y trouver la Très Sainte Vierge, dont le Cœur a été percé du glaive de la douleur, priez-la donc de vous attacher elle-même à la Croix de son Fils, pour lui tenir compagnie, et lui faire assidûment la cour, malgré les répugnances que vous pourriez y éprouver.
Priez cette Mère de vous tenir bien près d'elle, au pieds de la Croix, et de vous aider dans les malheureuses circonstances où nous sommes […].
Sacrifiez-vous donc autant qu'il le faut, pour sa gloire […]et pour la conversion des pécheurs. Adorez Jésus réduit à l'état d'un petit enfant, caché, oublié, anéanti dans le sein de sa mère, c'est dans cet état de petitesse, d'obscurité, d'obéissance qu'il faut le considérer et le glorifier, d'ici la belle solennité de sa naissance. Il était déjà notre victime dans le sein de Marie, efforçons-nous donc tous les jours d'être des victimes de son amour et de sa volonté.
Je vous renouvelle, ma chère fille, par cet écrit, tous mes sentiments d'affection, jusqu'à ce que je puisse le faire de vive voix, ce qui se fera quand il plaira au Seigneur. Que sa sainte volonté s'accomplisse en tout, sur tout et partout !
Bérault
Lettre n°3
Mes biens chères filles,
Je ne sais pas encore le temps où nous pourrons nous revoir ; c'est à nous d'attendre avec paix et résignation les moments du Seigneur.
Profitons du temps qu'il veut bien nous donner pour avancer dans son amour.
Demandons-lui la grâce de ne regarder que lui seul, de ne penser qu'à lui seul, en nous oubliant nous-mêmes et ne cherchant d'autres intérêts que les siens.
La principale cause de nos inquiétudes, c'est que nous nous recourbons trop sur nous-mêmes.
Acceptez donc mes chères filles les dispositions pénibles dans lesquelles vous pourrez vous trouvez ; il faut bénir le Seigneur dans la sécheresse comme dans la ferveur, dans la privation, dans les peines comme dans les consolations.
Regardez seulement Jésus attaché à la Croix, abandonné de son Père, livré aux opprobres et aux plus cruels tourments.
Si vous ne pouvez beaucoup vous entretenir avec lui après la sainte communion, contentez-vous de lui adresser cette prière que lui faisait une […] âme du dernier siècle : « Otez, Seigneur, de mon cœur, tout ce qui l'empêche de vous aimer, d'être parfaitement à vous […].Ne vous troublez point non plus des distractions, il faut les laisser tomber autant que vous pouvez le faire, et accepter la peine qu'elles occasionnent. Un grand saint se plaignait de ne pouvoir réciter un Ave Maria sans en avoir l'esprit tout rempli. Comment n'en auriez-vous pas ?
Il faut vous disposer à renouveler vos vœux, vos engagements et votre sacrifice, sous la protection de la Sainte Vierge, de Saint Joseph et de vos Saints patrons.
Humiliez- vous des infidélités et des fautes que vous avez pu commettre contre vos vœux, et proposez-vous d'y être plus fidèles par la grâce de Notre Seigneur.
Désirez en faisant cette rénovation, que le nom de Jésus soit glorifié par toute la terre, et qu'il soit gravé dans tous les cœurs.
Demandez à Dieu que son nom soit connu, glorifié, béni […].
Que le règne de son amour s'établisse dans tous les cœurs ! Enfin que sa très sainte volonté s'accomplisse chaque jour et que nous n'ayons d'autre volonté que la sienne !
Que Jésus soit le grand tout de vos âmes ; qu'il soit souverainement seul dans vos esprits et dans vos cœurs !
Que le recueillement soit aussi la vie de vos âmes et que l'amour qui est le terme de toute perfection soit votre aliment.
Je vous salue toutes bien cordialement et je vous invite à réciter souvent le petit chapelet des saints noms de Jésus, Marie, Joseph […].
En priant les uns pour les autres, demandons que nos cœurs soient continuellement unis à ces trois Cœurs.
Je vous renouvelle, mes très chères filles, mes sentiments d'affection et de dévouement.
Bérault
Lettre n° 4
Ma très chère fille
Vous ne pouvez trop remercier le Seigneur, de concert avec vos chères Sœurs et compagnes, de la grâce spéciale et des moyens abondants qu'il vous donne pour fortifier votre piéter et augmenter votre ferveur, dans un temps où tant d'autres en sont privés.
Puisque Jésus Christ vous témoigne tant d'affection, ne lui refusez donc rien. Ces preuves de sa tendresse et de son amour doivent vous animer à être sa victime, tous les jours de votre vie.
[…] Que votre cœur soit donc fortement attaché à la Croix de Jésus pour y être crucifié, sacrifié, immolé avec lui pour la gloire de son Père […] et la conversion de tant de pauvres pécheurs […].
La croix est le trait de l'amour ; si vos cœurs y sont enchainés, votre vie sera une vie toute d'amour. Les croix, Les peines intérieures et extérieures ne feront qu'augmenter votre amour, et avec l'amour rien ne vous manquera.
Vous êtes ce que vous êtes par l'amour et pour l'amour. Il est votre principe et votre fin, il doit par conséquence être votre trésor unique.
Que toute votre attention soit donc de vous appliquer à écarter avec soin tout ce qui pourrait empêcher son règne, à entretenir, à augmenter dans vos cœurs ce feu[…] que Jésus y allume chaque jour par la sainte communion, où il vous donne son corps à manger et son sang à boire. Souvenez-vous de ce que Notre Seigneur disait à Sainte Catherine de Gênes : « Ma fille, lui disait-il, de vos lectures ne retenez que le mot amour ; et dans vos prières, que cette demande du Pater : « Que votre volonté soit faite ». Jésus vous dit aujourd'hui la même chose par moi, son ministre et votre Père.
Ayez donc ma chère fille cette heureuse disposition d'amour et de résignation au bon plaisir de votre époux dans la sécheresse, dans la ferveur, dans la maladie plus encore que la santé.
Vous trouverez ainsi votre satisfaction et votre contentement, au milieu des contradictions et Jésus sera seul dans votre cœur, seul en votre esprit, seul dans votre bouche, en tout partout, et par-dessus tout ! C'est ce que je vous souhaite.
Votre bien dévoué. Bérault
Lettre n° 5
Ma très chère fille
Je pense bien que vous ne m'oubliez pas devant le bon Dieu : je ne vous oublie assurément pas non plus. Je le prie souvent de vous soutenir, de vous animer à marcher et à voler dans la voie du bel et du parfait amour, pour lequel seul nous devons vivre.
Notre centre, notre vie unique, c'est l'amour […]. Or, voilà bien le temps de prouver à Dieu cet amour. C'est dans la privation, au milieu des épreuves les plus amères et les plus crucifiantes, que l'on montre à Dieu qu'on l'aime sincèrement, et qu'il agrée les protestations que nous lui faisons que nous l'aimons, et que nous l'aimons, et que nous voulons lui être fidèles.
Ce n'est pas une merveille de dire à Dieu que nous voulons être à lui, lorsque l'on éprouve rien que de doux et de flatteur ; les âmes lâches et tièdes en font tous les jours autant.
Mais lui être parfaitement fidèle dans les peines, au milieu des croix intérieures et extérieures ; lui demeurer entièrement soumise et dévouée, lorsque tout semble se réunir pour nous crucifier, nous accabler, et que cependant, on ne sente au-dedans qu'amertume et affliction d'esprit, voilà le propre d'une épouse de Jésus Christ.
Encouragez donc vos sœurs et fidèles compagnes, animez-vous à vous élever de vos peines ; afin de vous aider, envisagez les pensées éternelles.
Voyez Jésus livré à la douleur la plus désolante, couvert d'ignominies, et expirant sur la Croix, dans l'abandon de la part de son Père. De quoi pourriez-vous vous plaindre de cette vue ? et quand vous éprouveriez toutes ses douleurs, serait-il merveilleux qu'une épouse subît le sort de son époux ?
Par votre profession vous vous êtes engagée à marcher à sa suite, chargée d'une pesante croix, à le suivre jusqu'au Calvaire, à y persévérer tous les jours de votre vie et à y expirer avec lui dans l'amertume et la douleur. Ce sont même les conditions de salut qu'il a imposées à tous les chrétiens, en disant : « Que celui qui veut être mon disciple, porte sa croix chaque jour et qu'il me suive ».
Je crois ma chère fille que c'est pour lui seul que j'ai tâché de vous aider à le suivre, c'est à son pur amour que je vous désire tout entière. J'en dis autant de vos compagnes. Soyez donc, mes filles, ma joie et ma couronne. Je vous en prie, que je ne sois pas trompé dans mon attente et à votre grand dommage !
Vous pouvez faire de prompts et rapides progrès dans la voie que je vous aie tracée qui n'est autres que celle du pur amour. Je vous le demande donc pour l'amour de Jésus, et au nom de ce très pur et très parfait amour : portez-vous à son service avec fidélité supérieure à celle que vous avez eue jusqu'ici.
Remplissez exactement vos devoirs, et suivez votre règlement en vue et pour l'amour de Jésus, parce que c'est la loi même de son amour.
Soyez-lui toujours unie, et portez partout l'intention droite de lui plaire, de l'aimer et de le contenter en tout. Que cette application ne vous empêche pas de choisir encore des moments où vous puissiez, dans le silence et la paix de l'oraison, vous unir plus intimement à lui.
Donnez à ce saint exercice tout le temps que votre devoir ne vous appellera pas ailleurs.
Sacrifiez chaque jour tout ce qui est de vous-mêmes pour le rendre parfaitement conforme aux volontés de Dieu.
Allez nourrir vos cœurs du pain des forts et ne vous dispensiez jamais de communier, afin de ne pas enfouir le trésor qui nous est offert. Ne craignez pas même de manifester vos désirs pour la communion, à ceux qui vous conduisent en vous abandonnant toutefois à leur avis.
Recevez votre sauver dans la sainte communion, comme votre Maître, pour vous régler et vous conduire, comme votre père, pour vous embraser de son amour, et comme votre Dieu pour vous enrichir de ses grâces pour être votre tout et opérer en vous tout ce qu'il voudra pour sa gloire.
Ne vous troublez ni ne vous chagrinez jamais. Avez- vous fait une faute ? Revenez simplement à Dieu avec un bas sentiment de vous-mêmes, et une entière confiance en sa miséricorde, et il vous pardonnera.
Dans le doute demandez-lui pardon, sans perdre le temps à éplucher votre conscience ; Dieu sait bien démêler ce qu'il y a de défectueux en nous et le corriger, quand nous allons à lui en toute simplicité.
Chérissez la retraite, le silence, la mortification ;
Adonnez-vous sincèrement à la pratique de toutes les vertus chrétiennes et religieuses. Soyez douces, affables, patientes […].
Soyez toujours prêtes à vous présenter quand il y a humiliation à recevoir, mais tenez-vous à la dernière place, lorsque vous pressentez de la gloire ou de la satisfaction.
[…] Lorsqu'on vous dira l'art d'aimer Jésus et d'être à lui sans réserve , ou qu'on vous avertira de ce qu'il veut de vous […]. Vous pouvez écouter avec plaisir.
Mais encore mes chères filles dois-je vous prévenir de ne pas chercher seulement dans la parole de l'homme la volonté divine.
C'est souvent au milieu d'occupations petites et obscures, ou dans l'exercice de la patience, au travers des contradictions, des humiliations que Jésus […] vous parlera en secret, au fond de l'âme .Ah ! que de grand cœur je prie Dieu de vous faire comprendre ces avis d'un père, qui vous porte toutes dans son cœur !
Allons toujours de sacrifices en sacrifices, d'amour en amour ! C'est le rendez-vous que je vous donne.
Efforçons-nous, de part et d'autre, de nous rencontrer dans cette voie d'amour.
Et si nous ne nous revoyons plus sur la terre (quoique j'espère le contraire de sa miséricorde divine), nous nous retrouverons sûrement dans ce beau séjour, où il n'y aura plus de nuages, de tempêtes et de vicissitudes.
Adieu, en Dieu, mes très chères filles ; l'orage gronde bien fort autour de nous, il se pourrait que cette lettre fût la dernière… Je vous recommande, sur toutes choses, de regarder tous les événements comme étant réglés, arrangés par la divine Providence.
Je suis avec la tendresse d'un père, mes chères filles.
Bérault